Thierry Dallard, de Marseille au Grand Paris...

Stratégies urbaines
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Ce 17 mai, Thierry Dallard a dit au revoir à Marseille. En présence d’un parterre d’élus, de fonctionnaires et de chefs d’entreprise, cet ingénieur des ponts de 52 ans a reçu comme cadeau un maillot de… l’Olympique de Marseille. Un uniforme que ce chantre de la création d’une société du Grand… Marseille a promis, juré ! de ne pas porter lors des réunions de la Société du Grand Paris.

Des rives du Vieux-Port à Paris, ce normalien posé, au regard clair caché derrière de petites lunettes rectangulaires, est passé maître dans l’art de maîtriser l’effervescence des grands projets d’infrastructures. "J’ai démarré ma carrière au milieu des années 90 par les coulisses : les études au CETE (Centre d’études techniques de l’Equipement) Méditerranée, à Aix-en-Provence", se souvient-il. Dans la foulée, il embraye pour une mission plus opérationnelle à la tête du service transports de la DDE des Bouches-du-Rhône : "j’ai eu à gérer plusieurs grands projets serpents de mer comme la rocade L2 à Marseille, la liaison Fos-Salon de Provence ou le contournement autoroutier d’Arles", enchaîne l’ancien haut fonctionnaire. Signe de la complexité de ces dossiers, seul le premier est en voie d’achèvement.

Financement privé pour projets publics

Deux décennies et un aller-retour entre le ministère de l’Equipement et la société des autoroutes du Sud plus tard, Thierry Dallard a pris la présidence de la SRL2, la société en charge de l’achèvement du chantier raillé par le maire (LR) de Marseille Jean-Claude Gaudin comme "le plus lent de l’histoire" : le chantier de la rocade L2, rocade de contournement de la cité phocéenne dont le premier coup de pelleteuse a été donné en 1993… Un ouvrage de près de 10 km, dont le devis a explosé et le calendrier joué les prolongations, contraignant l’Etat à confier la dernière tranche des travaux, via un PPP, à un consortium privé associant Bouygues, la Caisse des dépôts et Meridiam, un fonds d’investissement privé spécialisé dans le financement de grands ouvrages publics (le contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier, le port de Calais, etc.) dirigé, en France, justement par Thierry Dallard. "Meridiam, c’est un pari réussi. Celui d’une start-up devenue en dix ans une spécialiste de l’ingénierie financière au service des projets publics, d’abord dans l’Hexagone, et aujourd’hui, sur tout le Vieux continent", déroule son futur ex-dirigeant. Après dix années passées à assurer le pilotage financier des projets d’intérêt public en mal de financements publics, le voilà aux manettes de la société chargée de mettre en œuvre un projet XXL : le Grand Paris Express, un super métro en site propre de 200 km autour de la capitale. "Fin janvier, j’étais en vacances en Nouvelle Zélande lorsque j’ai eu vent de la vacance du poste. J’ai appelé le cabinet du ministre qui m’a orienté vers le cabinet de chasseur de têtes (Progress) mandaté pour dégoter le successeur de Philippe Yvin", raconte l’ingénieur. "Je suis allé au rendez-vous en descendant de l’avion, avec 12 heures de jet lag dans les bagages", sourit-il. Malgré la fatigue, la motivation et le profil à la fois technique et apolitique du voyageur des antipodes ont séduit. Choisi par le gouvernement, Thierry Dallard a été adoubé par un vote du conseil de surveillance de la SGP et par les parlementaires, qui l’ont auditionné.

Synthèse

En attendant la parution du décret présidentiel officialisant sa nomination, l’intéressé se prépare sereinement au grand saut dans le bouillon francilien. "L’important est que le projet se réalise dans sa totalité. Je ne suis pas là pour gérer un projet au rabais", assure le nouveau président du directoire de la SGP. Les critiques de la Cour des comptes ? Les réticences des édiles ? Le cocktail aurait de quoi décourager le plus intrépide des technos. "C’est le lot des grands projets. En l’occurrence, nous avons la chance d’avoir un projet qui fait consensus. Il reste à définir le calendrier des dix ans à venir et mettre en place les outils pour le respecter en veillant à la maîtrise des coûts", avance-t-il. Diplomatie, sens politique, rigueur gestionnaire et expérience technique… Autant de qualités qui requièrent un art consommé de la synthèse. "J’ai passé quasiment autant de temps dans les services de l’Etat et dans la sphère privée. Je connais les exigences des deux univers". Pas plus compliqué que d’arborer un maillot de l’OM aux abords du Parc des Princes…

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