Chapelle International : le projet métropolitain aux 150 000 m2 avance

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"Quel chemin parcouru !" depuis le lancement du projet, il y a maintenant une dizaine d’années, se félicite Eric Lejoindre, maire (PS) du 18e arrondissement. Sur le site de l’opération d’envergure Chapelle International, le 24 octobre, l’élu insiste : "nous sommes en train de changer le visage de la porte de la Chapelle, ce quartier en avait besoin". L’emplacement choisi par les parties prenantes du projet pour célébrer la fin des travaux d’aménagement de la première phase du quartier et poser les premières pierres des immeubles de logements est stratégique. En lisière du boulevard Ney et face au site Dubois – où se trouve actuellement le camp de premier accueil des réfugiés -, un ouvrage d’art enjambera la petite ceinture. Ouvert au grand public d’ici à deux ans environ, il reliera les futurs quartiers Chapelle International et Campus Condorcet (dont le chantier démarrera à l’automne 2018). Plus qu’un franchissement, il doit devenir un symbole du "faire métropole".

Au 61, rue de la Chapelle, ce 24 octobre, il y a foule pour constater le coup d’accélérateur donné au projet qui prend forme sur cette friche ferroviaire de sept hectares, et où 150 000 m2 d’immobilier mixte sont prévus à terme. "80 % des programmes sont commercialisés, deux lots sont en attente d’opérateurs, ceux-ci devraient être désignés avant la fin de l’année", confirme Fadia Karam, directrice générale d’Espaces Ferroviaires (aménageur avec SNCF Immobilier). Les chantiers des premiers logements ont démarré et les livraisons sont envisagées pour la mi-2019. Ainsi,  le promoteur Sogeprom (avec les architectes Brenac & Gonzalez et Moa) et le bailleur social RIVP (architectes : Charles Pictet Architecte et Atelier Martel ; Jacques Moussafir Architectes et Nicolas Hugoo Architectures) réaliseront à eux deux 238 logements en accession à la propriété, 290 logements sociaux et 65 logements intermédiaires. Avec, pour chacun des programmes, des Soho, ces "Small office home office", marqueur du nouveau quartier. La RIVP se charge de leur construction et, aux côtés de la CDC, de leur financement. Une société réunissant les deux partenaires est en cours de constitution pour trouver et gérer les locataires notamment. La primeur est donnée aux entreprises valorisant l’économie de l’innovation.

Chapelle International prévoit également la réalisation de 33 000 m2 de bureaux, dont un des bâtiments, ouvert sur le boulevard Ney, a été attribué à Linkcity.
Et sur le toit de la pièce principale, la base de logistique urbaine de 45 000 m2 de Sogaris, la Ville de Paris se chargera de l’aménagement des 10 000 m2 d’espaces sportifs et d’agriculture urbaine.

Terre et fer 
François Decoster, architecte-urbaniste de l’agence AUC, souligne la "position métropolitaine" du site, partie intégrante de "la vallée ferroviaire" et inscrit dans la ville. Chapelle International "s’écarte de l’urbanisation classique", ajoute Fadia Karam, notamment car le projet s’appuie sur la halle logistique, au lieu de la cacher. Contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer d’ordinaire – "construire un mur de bureaux sur la halle pour protéger les riverains des nuisances" – l’architecte a décidé de marier "l’utilité ferroviaire avec un quartier de ville", en dessinant le quartier sur deux niveaux : jusqu’à 7,50 m de haut, la halle et les Soho, conçus dans une "architecture cadrée, comme pour donner un air de famille", et au-dessus, les tours de logements au dessin "plus libre", imaginées comme "des émergences, orientées pour regarder le Sacré Cœur", et dégager des vues sur le Nord-Ouest métropolitain.

Au sol, les venelles, les espaces verts et publics (1,2 ha), équipements (crèche, école, gymnase) et commerces devront former un socle cohérent. Toutes ces composantes légitiment, aux yeux des acteurs du projet, le terme "morceau de ville", certes "galvaudé", admet Jean-Louis Missika, mais qui "correspond à la réalité", pour l’adjoint à la maire, en charge de l’urbanisme. Soulignant, en outre, "l’intelligence collective" dont ont fait preuve "ces institutions établies [Groupe SNCF, RIVP, Sogaris, Sogeprom, etc.], qui ont leurs habitudes". 

A l’heure où l’Etat parle de "choc de l’offre" pour justifier sa stratégie logement, "dans la ville la plus dense d’Europe, même si construire est compliqué, nous le faisons", revendique, de son côté, Ian Brossat. Pour l’élu en charge du logement, l’opération Chapelle International, avec ses "52 000 m2" dédiés au résidentiel, montre que "toute la chaîne du logement à Paris est mobilisée", rappelant, par ailleurs, que l’exécutif parisien consacre 500 M€ par an à l’habitat, "son premier budget". 

L’opération réunit, selon les aménageurs, toutes les problématiques urbaines actuelles, environnementales notamment. Une "boucle de chaleur", connectée au data center de Sogaris, a été pensée pour fournir 50 % des besoins ENR des habitants et salariés du quartier.
 

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