La SGP fête le lancement du premier tunnelier du Grand Paris Express

Stratégies urbaines
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L’événement avait des allures de fête foraine. Le samedi 3 février, dans la soirée et la nuit noire, la Société du Grand Paris organisait KM3, une animation populaire sur le gigantesque chantier du premier tunnelier du Grand Paris Express à Champigny-sur-Marne (94).

Visible de loin, le site était illuminé par de puissants projecteurs qui éclairaient la colossale grue destinée à lever la roue de coupe de 134 tonnes. Des guirlandes de petites lumières blanches offraient à ce décor improbable une ambiance joyeuse accentuée par les "flonfons" électro délivrés par un DJ set et le parfum entêtant du "gigot bitume" en train de cuire… Le public était convié auprès du puits pour assister au baptême du tunnelier et à la descente de la roue de coupe, qui marquaient symboliquement le début du creusement du premier tunnel, tout près du futur centre d’exploitation de Champigny. Il s’agissait d’expliquer la nature des travaux à travers une mise en scène spectaculaire et des propositions ludiques aux habitants et riverains pour qui ce chantier est synonyme de nuisances. Dans la tradition de la Sainte-Barbe, patronne des mineurs, la roue a été "baptisée" Steffie-Orbival, du nom d’une des collaboratrices de l’entreprise Alliance, qui assurait le levage de la roue (Steffie est l’une des rares femmes au monde à occuper le poste de pilote de foreuse de parois souterraines).
L’opération consistait à descendre la roue de coupe à 20 mètres sous terre, à l’endroit où elle sera assemblée au tunnelier. Levée par la plus grande grue d’Europe, la roue s’est lentement élevée dans les airs jusqu’à se positionner à la verticale… tout comme une grande roue de fête foraine… avant d’être descendue dans son trou pour être assemblée à l’intérieur de l’ouvrage. Le tout sous des applaudissements nourris et l’œil attentif de dizaines de techniciens pas peu fiers de partager ainsi leur mission avec le public.

Entre 15 et 55 m de profondeur
Car demain, les tunneliers seront invisibles. Ils évolueront à une profondeur de 15 à 55 mètres sous la surface du sol, à un rythme moyen de 12 mètres par jour. Ces "train-usine" longs de 100 mètres, larges de 10, sont fabriqués dans l’usine Herrenknecht en Allemagne et acheminés par convois exceptionnels. Ils assurent plusieurs fonctions : forage, évacuation des déblais sur des tapis-roulants et pose des voussoirs, ces anneaux en béton armé qui constituent le revêtement du tunnel en permettant sa stabilité. Une quinzaine de personnes travaille simultanément sur chaque tunnelier.
A terme, dix machines du même type progresseront en même temps sur les 36 kilomètres de la ligne 15 Sud. Les tunneliers sont construits sur mesure pour s’adapter à la nature du sol, "pressions de boue", ou "pressions de terre". Pour passer sous les réseaux souterrains existants (eau, gaz, électricité, métro, etc.), les tunnels de la ligne 15 Sud seront percés en profondeur, 29 mètres sous terre en moyenne, 52 mètres autour de la future gare Saint-Maur Créteil, 49 mètres pour Villejuif-Institut Gustave Roussy. A titre de comparaison, le métro parisien est enfoui à une dizaine de mètres en moyenne (36 mètres à Abesses, la station la plus profonde).

Festoyer pour oublier
Une foule dense, essentiellement composée de familles et de nombreux enfants et ados, se pressait donc sur les tapis rouges déroulés sur le sol boueux et autour des machines et des stands dressés pour l’occasion. C’est la troisième fois que la Société du Grand Paris organise un de ces événements festifs autour de ses chantiers : il y eut KM1 à Clamart en juin 2016, puis KM2 à Cachan en novembre 2017. Avec à chaque fois, une programmation artistique et culturelle assurée par José-Manuel Gonçalvès, à la tête du Centquatre (Paris 19e). Pour les riverains qui sont au minimum malmenés par les nuisances de circulation, au pire contraints de déménager dans le cadre de procédure d’expropriation, l’instant était donc unique. Tout comme pour les responsables de la SGP chargés de ces négociations à l’amiable : Christian Garcia, directeur des relations territoriales avec le Val-de-Marne, et Isabelle Rivière, son homologue pour les Hauts-de-Seine, ont savouré cette convivialité inopinée avec les habitants, souvent rencontrés lors de réunions parfois houleuses…

Des stands abritaient des ateliers pour les enfants autour du GPE, des photos, mais aussi des spécialités locales, comme ce vin produit dans les vignes de Champigny.
Une fois la roue lovée dans son puits, le deuxième clou de la soirée a été le moment d’ouvrir l’étrange four où rôtissait le gigot-bitume, offert par l’association Orbival, pour le distribuer au public. Succès garanti !

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